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04/02/2014

Concertation, première étape : beaucoup d’interrogations - Edito d'Yves Vérollet Délégué général UNA


Le 12 février, Madame Touraine, Ministre de la Santé et des Affaires Sociales et Madame Delaunay, Ministre des Personnes Agées et de l’Autonomie marqueront devant toutes les organisations ayant participé aux rencontres la fin de l’étape – concertation – prévue en amont de la future loi d’adaptation de la société au vieillissement.
 
Pendant deux mois, des réunions thématiques ont rassemblé l’ensemble des partenaires intervenant dans le champ des personnes âgées, dans un climat d’écoute réel et de présence assidue de la Ministre des personnes âgées. Mais une concertation n’est pas une négociation. Il est vrai que l’on ne « négocie » pas une loi. Pour établir le texte d’une loi, après avoir entendu toutes les parties prenantes, c’est au Gouvernement et au Parlement d’agir. Une concertation n’implique pas que toutes les données soient sur la table. Et ce fut le cas. On ne parla pas beaucoup d’argent pendant ces deux mois. Tout du moins, les questions d’argent se sont traitées entre les financeurs, Etat et Conseils Généraux, peut-on le supposer. S’il fut bien annoncé que l’étape 2014 s’appuierait sur l’apport des sommes prélevées au titre de la CASA (contribution additionnelle solidarité autonomie), soit de l’ordre de 650 millions d’euros par an, les discussions avec les fédérations n’ont pas porté sur la répartition de cette enveloppe. Une concertation réussie n’aurait pas occulté cette étape, quitte à rafraichir les relations gouvernement – fédérations. Amélioration de l’APA, enveloppes pour les aides techniques et la prévention, pour les aidants sont annoncées avec beaucoup de flou pour le reste. Le reste, c’est par exemple la remise à flot du secteur, la prise en compte d’une amélioration du climat social en sortant des blocages de la valeur du point et en donnant des perspectives d’avenir aux services. Une concertation aboutie n’aurait pas fait qu’entendre notre fédération et d’autres sur le nécessaire rapprochement de l’aide et du soin mais elle les aurait fait entrer de plein pied dans la stratégie nationale de santé qui devrait se dérouler par ailleurs.
 
La concertation va laisser la place aux travaux du Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui sera saisi d’un texte. Espérons une « divine » surprise, sans y croire totalement néanmoins. Les annonces présidentielles récentes ne laissent pas augurer des lendemains financiers euphoriques. Cependant, les pouvoirs publics feraient une erreur en ne saisissant pas l’occasion de « booster » un secteur, qui en une décennie s’est profondément modernisé et a créé des dizaines de milliers d’emplois. Or si nous poursuivons sur la lancée actuelle, les belles perspectives de l’Insee d’ici 2020 – 150 000 créations nettes d’emplois s’ajoutant à 150 000 remplacements de départs à la retraite ne seront jamais atteintes. Le secteur est en stagnation. Le « Privé lucratif » et le « particulier employeur » ne sont pas flamboyants non plus. Plus personne ne croit à ces 300 000 emplois. Nous le disons à longueur de colonnes : les restes à charge des personnes sont trop lourds, la profession demeure peu attractive, faute de pouvoir proposer des parcours professionnels et des conditions d’emploi qui donneraient aux salariés l’envie de venir ou de rester dans nos services.
 
Les « bruits » sur les choix financiers en cours d’arbitrage nous inquiètent. Ces choix seront vraisemblablement insuffisants pour inverser durablement la baisse des heures prises par les personnes en perte d’autonomie. Ils seront sûrement décevants pour les professionnels. Le climat de la conférence salariale de la semaine dernière en est une bonne illustration.
 
Il ne s’agit que de la première étape. Le chemin vers le vote de la loi en dernière lecture est encore long. Sachons tout au long des six prochains mois, convaincre nos interlocuteurs, gouvernement et parlementaires en premier lieu mais aussi conseils généraux et caisses de retraite que notre pays a tout intérêt à produire une bonne loi. Avec ses 84 propositions, UNA est prête à débattre mais aussi à agir pour l’amélioration des conditions de vie des personnes dépendantes, qui va de pair avec une bonne santé retrouvée de notre branche. La bonne prise en compte de la dernière période de vie des personnes âgées contribue à la construction du « bon moral » d’un pays. Ne ratons pas la marche.