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18/02/2014

Projet de loi autonomie : le risque de la déception - Edito d'Yves Vérollet


 
Le projet de loi « adaptation de la société au vieillissement » arrive ! Le gouvernement a fait le choix d’une loi d’orientation et de programmation s’inscrivant sur plusieurs années avec une « entrée » Domicile en 2014. Mettre en avant le Domicile, c’est répondre à une grande majorité de nos concitoyens qui souhaitent vivre chez eux le plus longtemps possible.
 
Nous pouvions imaginer que les responsables politiques identifient deux priorités : une première, celle d’apporter des solutions diversifiées aux « âgés », et à leurs familles ; une seconde en s’attaquant à la réorganisation du secteur du Domicile, en crise ouverte ou larvée depuis bientôt 4 ans. En effet, comment imaginer que la réponse aux besoins des personnes en perte d’autonomie puisse se construire sans apporter de réels changements au secteur qui est le plus en contact avec elles ?
 
Il faut prendre acte et parfois même féliciter le gouvernement pour certains de ses choix. D’une part, le maintien des prestations APA dans le champ de la solidarité est réaffirmé. Il montre aussi qu’il veut en priorité améliorer cette prestation créée en 2002 et qui a véritablement permis de rattraper notre retard dans ce domaine par rapport à des pays à développement comparable. Et tout cela même si son dossier de presse pêche par optimisme sur les chiffres qu’il avance en termes d’heures d’APA supplémentaires pour les bénéficiaires ! De même, nous pouvons aussi saluer sa volonté d’apporter du soutien aux aidants familiaux qui vivent souvent des situations difficiles, parfois à la limite du supportable. 43O millions d’euros sur les 645 prévus seront consacrés à la revalorisation de l’APA et aux aidants et personne ne dira que c’est trop ! En effet lorsque les intentions doivent se traduire en chiffres, tout devient plus difficile car les masses financières consacrées à cette réforme sont faibles, trop faibles pour pouvoir répondre à la fois aux personnes et aux services d’aide et d’accompagnement. Pour une vraie revalorisation de l’APA, la totalité de l’enveloppe aurait été nécessaire.
 

La deuxième priorité pour l’instant ne semble pas retenue par le gouvernement. Nos services bénéficieront des retombées de l’augmentation du nombre d’heures. C’est un fait qu’il ne manque pas de nous mettre en avant. Dans une économie normale, l’argument serait sans réplique mais pas dans l’aide à domicile au sein de laquelle beaucoup de services vivent dans un déficit structurel permanent et où le terme « excédent » passe pour un mot magique. 25 millions d’euros sont annoncés pour le secteur et présentés parfois comme un plan « métier ». Ils serviront en fait pour une petite revalorisation des frais de déplacement et éviter un nouveau tassement des grilles au niveau du smic.

Il faut donner du souffle à ce projet de loi. UNA est en plein accord avec le choix de placer les personnes aidées au centre. Mais il faut accompagner ce choix d’un grand plan pour une nouvelle organisation de l’aide, de l’accompagnement et des soins à domicile. Le consensus existe pour vouloir organiser le parcours de santé et de vie des personnes en risque ou en perte d’autonomie. Nos services sont un des rouages essentiels pour la réussite d’un tel programme. Nous aurons peut-être satisfaction sur un certain nombre de points présentés dans notre document « 84 propositions » mais ce que nous voulons c’est contribuer à la refondation de l’aide à domicile. Ces termes qui ont surgi au cours des travaux menés avec l’Assemblée des Départements de France ne doivent surtout pas être confondus avec une méthode de tarification, mais comme l’ambition de construire un secteur capable de créer des centaines de milliers d’emploi de qualité dans les années qui viennent pour peu que l’on arrête de le paupériser. Si le gouvernement le souhaite, il a les cartes en main et des fédérations prêtes à travailler à la réussite d’un tel projet.