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05/03/2014

Aidants familiers : sortir de l’expérimental


Sur 1,2 millions d’allocataires de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), 60% vivent à domicile. Une majorité des personnes âgées vivant à domicile et aidées régulièrement bénéficient d’une aide de leur entourage. Il faut dire le rôle souvent capital des aidants familiaux pour le maintien à domicile et donc le libre choix des personnes. Il faut dire aussi l’épuisement physique dans lequel se trouvent beaucoup d’entre eux. Le projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement consacre plusieurs articles aux aidants et la Ministre des personnes âgées a annoncé que 80 millions d’euros leur seront consacrés. C’est une initiative positive. Les politiques publiques en effet doivent prévoir un accompagnement pour rompre l’isolement des aidants dont 75 % sont des femmes.
 
Nous devons néanmoins garder une grande lucidité. Dans une période de crise des finances publiques, une dérive est possible qui n’est pas, reconnaissons-le, la voie que souhaite emprunter le gouvernement. Une étude que la Drees vient de publier indique que les plans d’aide pour l’APA ont baissé de 4 % entre 2007 et 2011. Elle va dans le même sens que celle consacrée aux évolutions de l’aide sociale départementale sortie elle aussi récemment. Il faut donc prendre garde à ne pas remplacer, sans bruit, une partie du travail accompli par les professionnels par l’entourage des personnes. La dignité de la relation aidant / aidé doit être préservée. Certains soins, d’hygiène en particulier ne doivent pas être accomplis par l’aidant mais par un professionnel extérieur.
Pour UNA, la première aide à apporter aux aidants familiaux est de créer et structurer l’offre de services adaptés aux besoins des personnes âgées dépendantes en leur permettant d’y accéder dans des conditions financières raisonnables. C’est l’objet d’’autres parties du projet de loi. Pour UNA, solidarités familiales et solidarités collectives se renforcent mutuellement. Il s’agit d’assurer aux personnes dépendantes une prise en charge de qualité, respectueuse de leurs aspirations et de leurs modes de vie, mais aussi des contraintes et des choix de leurs familles et de leurs proches.
Le soutien aux aidants familiaux suppose que des actions spécifiques soient engagées dans la direction des aidants, afin de faciliter leur rôle et de soulager les contraintes pesant notamment sur leur vie quotidienne, leur vie professionnelle, leurs relations familiales et leur santé. A ce propos, développer une politique de prévention en termes de santé concernant lesaidants familiauxest aussi une nécessité. Cette question devrait être intégrée à la formation initiale et continue des professionnels de santé et du secteur médico-social.
 
Il faut réussir à mieux articuler prise en charge collective, participation individuelle et mobilisation des solidarités familiales. Le réseau UNA s’y prépare ou est déjà dans l’action. Une enquête menée dans le réseau avec l’Association Française des Aidants d’avril à juin 2013 a fait apparaître une très forte mobilisation des structures de soins et de services à domicile dans l’accompagnement des proches aidants. Même si la forme – enquête – surreprésente vraisemblablement l’investissement de nos services, ceux n’ayant aucune activité ne s’étant pas obligatoirement mobilisés pour y participer, près de 80 % des structures ont déclaré diffuser de l’information aux proches aidants et environ deux structures sur trois proposent déjà un ou plusieurs services d’accompagnement des aidants. Un guide de l’accompagnement des aidants familiersa aussi étéélaboré en 2010 dans le cadre d’un partenariat avec Chorum et la Mutualité Française. Un groupe de travail consacré aux aidants a été mis en place par la fédération en janvier 2014. Autant de projet pour favoriser un accompagnement des aidants familiers.
 
 
 
Le développement de prestations du type répit, y compris sous forme de plates-formes parait constituer une des meilleures solutions en offrant un continuum de services (accueils de jour, gardes de nuit, gardes itinérantes de jour et de nuit, accueils temporaires, équipes spécialisées Alzheimer …). Commencent à apparaître des initiatives comme le « baluchonnage ». D’autres services sont développés par nos structures telles que groupes de paroles, activités sociales
 
Il faut faire sortir l’aide aux aidants du caractère expérimental. Dans l’enquête citée ci-dessus, seules 1/3 des structures bénéficient actuellement de financement dans leurs prestations auprès des proches aidants. Pour celles qui bénéficient de financement, il existe une diversité de financeurs (Conseil Général, ARS, caisses de retraite-prévoyance, communes, mutuelles et autres financements privés). Dans le cadre de la concertation, UNA a proposé que les financements consacrés à la prévention ou aux missions d’intérêt général soient gérés de manière concertée entre tous ces financeurs. Les « outils » créés dans le projet de loi (conseil départemental solidarité autonomie et conférence départementale des financeurs) vont dans ce sens à condition que les partenaires dont le réseau de l’aide à domicile soient pleinement associés aux travaux qui en découleront.