Actualités rss
10/02/2015

Il est temps de se mobiliser - Edito d'Yves Vérollet DG UNA


Dans la dernière production de la DARES (février 2015), concernant l’étude des salaires par branches, le secteur social dont nous faisons partie occupe la dernière place pour l’année 2012. Au rythme d’une augmentation de 1% tous les 5 ans de la valeur du point, la branche du Domicile n’est pas prête de retrouver une meilleure place dans le peloton. Si cette tendance perdure, renforcer l’attractivité de notre branche risque de rester une belle idée sans perspective de concrétisation.
Autre production de la période, celle de la DREES présente les résultats 2013 de l’action sociale des départements. Les dépenses nettes d’aide sociale des conseils généraux s’élèvent à 33,9 milliards d’euros, soit une hausse de 2 % en euros constants par rapport à 2012. 30 % de cette enveloppe est consacrée aux dépenses nettes liées au revenu de solidarité active (RSA) en augmentation de 7 % en euros constants par rapport à 2012, illustrant par là, l’état de l’emploi dans le pays et les priorités qui en découlent. L’aide sociale à l’enfance et l’aide sociale aux personnes âgées en constituent chacune 24 %, 22 % pour les dépenses liées au handicap. Les dépenses destinées aux personnes âgées sont pour la première fois en léger recul ce qui démontre les difficultés de plus en plus fortes des départements pour financer les différentes prestations sociales dont ils ont la responsabilité dans un contexte de restriction des financements nationaux et de la montée des précarités. Ces informations permettent de mieux comprendre les évolutions défavorables pour les personnes du contenu des plans d’aide et les difficultés croissantes des négociations entre les services d’aide et les CG.
A ces données s’ajoutent les grandes différences constatées entre les départements. Il est possible de parler d’inégalités tant les modalités d’attribution peuvent suivre des règles diverses et conduire à des sommes allouées différentes pour des individus présentant pourtant des caractéristiques identiques. Même le nombre de bénéficiaires est très variable. Par exemple des données diffusées par la DREES dans un autre document permettent d’illustrer des écarts surprenants : 23 départements affichent un taux de bénéficiaires de l’APA par rapport à la population de 75 ans de moins de 10%, tandis que 18 départements ont au contraire un taux supérieur à 15%.
Inutile de poursuivre une énumération qui pourrait vite devenir fastidieuse, par son caractère répétitif. La mise en place d’un droit universel à la compensation de la perte d’autonomie est promise par les gouvernements successifs depuis 2007. Or, malgré les déclarations, les financements ne répondent toujours pas aux besoins. Pourtant, il s’agit d’un véritable enjeu de société. 90 % des personnes âgées déclarent ainsi vouloir vieillir chez elles. Si rien ne change, Les services à domicile ne seront bientôt plus accessibles qu’à ceux qui peuvent les payer.
Les structures d’aide à domicile offrent un large panel de prestations allant de l’aide aux actes essentiels (prise des repas, aide au lever, à la toilette…) jusqu’aux soins à domicile. Elles s’inscrivent naturellement dans le cadre du parcours de santé et du parcours de vie des personnes aidées. De plus, l’intervention à domicile concoure de façon active aux enjeux de prévention en repérant les évolutions de situation et en permettant d’agir en temps réel sur un risque, de rompre l’isolement ou encore de relayer des informations cruciales pour d’autres acteurs de la santé.
Tout cela est connu. Notre secteur croule sous les déclarations de soutien des décideurs publics. Et pourtant une nouvelle fois, le projet de loi promis depuis 2012 est repoussé... à 2016 pour son application.
Il est temps de se mobiliser
Les services d’aide et de soins à domicile emploient aujourd’hui 230 000 personnes. En quelques années, près de 4% des emplois ont été détruits dans un secteur qui pourrait être un véritable gisement d’emplois non délocalisables. Notre secteur est éclaté entre plusieurs ministères. Il n’y a pas de réelle coordination des différentes administrations et financeurs intervenant dans le champ de l’aide et des soins à domicile. Il faut bien constater quand vient le temps des arbitrages budgétaires, il est considéré comme une variable d’ajustement car ne figurant dans les priorités d’aucun des grands ministères qui ont un véritable « pouvoir » d’action.
 
C’est pourquoi UNA qui regroupe 730 000 bénéficiaires, plus de 900 structures adhérentes (associations, CCAS, mutuelles) 113 000 professionnels (services prestataires et mandataires), se mobilisera le 7 mars pour alerter l’opinion et les pouvoirs publics.