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23/02/2015

Prenons l’initiative - Edito d'Yves Vérollet du 23 février 2015


La loi d’adaptation de la société au vieillissement sera mise en œuvre en 2016, selon ce qu’a annoncé le premier ministre. Pendant ce temps la vie difficile continue dans les services d’aide et de soins à domicile. Ce secteur qui devrait, selon toutes les prévisions, être en pleine croissance perd des salariés (- 4,5 % entre 2012 et 2013, selon le tout récent rapport de la branche). Les plans d’aide se restreignent. La conséquence en est une baisse d’heures pour les personnes et une activité en repli pour nombre de structures. C’est pour cela qu’UNA demande fortement une utilisation immédiate des ressources de la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (CASA) soit 680 millions d’euros (prévision 2015). Le gouvernement parle d’un plan d’aide à l’investissement de 300 millions d’euros répartis sur les trois années à venir sans indiquer s’il y aurait un volet « Domicile ». Aucune date n’apparaît non plus pour le versement de la compensation de 25 millions d’euros annoncés pour les conseils généraux, à la suite de l’agrément de l’accord sur la valeur du point.
Le récent rapport de la DARES[1] nous donne des éléments de satisfaction et d’inquiétude mêlés. Satisfaction lorsque l’on constate la progression de l’activité prestataire par rapport à celle du « particulier employeur ». En 2002, le mode prestataire ne représentait que 19 % de l’activité totale des services à la personne. En 2013, 365 millions d’heures ont été rémunérées par les services prestataires, comme en 2012. Ils représentent désormais 41 % de l’activité totale. En outre le « Particulier employeur » n’entre plus que pour 19 % dans l’aide à domicile.
Inquiétude si l’on observe l’évolution du monde prestataire. Les associations dominent toujours en 2013 avec 59 % des heures rémunérées (en baisse de 2 points) mais leur nombre d’heures diminue (-3,2 %) alors que la part du secteur privé dit lucratif croit de 8,3 % (30 % de part de « marché »). Une autre inquiétude surgit en analysant la répartition des activités des organismes privés. En 6 ans la part de leur activité « ménage repassage » est passée de 42 % à 33 %, alors que celle en direction des personnes âgées ou en situation de handicap a cru de 15 points (24 % à 39 %). Ils sont en train de réaliser une diversification complète (garde d’enfants, personnes fragiles, entretien de la maison).
Alors, en même temps que nous agissons pour que le projet de loi permette de réformer l’organisation de notre secteur, nous ne devons pas tout attendre de la voie législative, d’autant que les élections cantonales, quel que soient les résultats vont profondément modifier les conseils généraux par le double effet du renouvellement total des exécutifs et de l’instauration (heureuse) de la parité. Il peut en résulter quelques mois d’attentisme sur de nombreux territoires.
La diversification qui est déjà la réalité de nombreuses structures UNA doit s’amplifier. Dans l’éditorial du 26 janvier, nous rappelions le rôle que peut jouer notre secteur dans le développement de la Silver économie. Il existe une opportunité d’imaginer de nouveaux services. En lien avec la Mission des services à la personne (direction générale des entreprises), UNA, ADMR et FNAAFP-CSF viennent de réaliser un guide qui sera publié dans les prochaines semaines.
 
Dans le domaine des soins à domicile, une autre opportunité existe avec la volonté du secrétariat d’Etat aux personnes âgées de développer les services polyvalents d’aide et de soins. (Spasad) ; UNA a une solide expérience en la matière puisqu’elle compte le tiers des spasad existant. Les travaux réalisés dans le cadre d’un groupe de travail ont permis d’adresser une contribution UNA aux pouvoirs publics en même temps qu’ils nous réunissaient pour lancer les travaux (19 février).
 
Nous avons la chance de pouvoir apporter une réponse globale à l’accompagnement à domicile, de la prévention à la prise en charge de la grande dépendance en construisant des services capables de répondre au « risque sanitaire » comme au « risque perte d’autonomie ». Nous avons quelques longueurs d’avance sur le secteur privé. Prenons en conscience.
 
 


[1] DARES : direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques