Silver économie : une nouvelle étape - Edito d'Yves Vérollet du 5 octobre

Laurence Rossignol et Emmanuel Macron ont décidé de donner une nouvelle impulsion au développement de la Silver économie en réunissant, le 29 septembre, le comité de filière qui regroupe les membres signataires du contrat de filière, lancé en décembre 2013 par Michèle Delaunay et Arnaud Montebourg. Ce contrat de filière se voulait la première étape de la structuration et du déploiement de la Silver économie française. Après un léger temps de latence du aux changements de ministre, Laurence Rossignol a vite compris le double enjeu de ce secteur : à la fois répondre aux besoins du « bien vieillir » et assurer le développement d’une filière industrielle pour laquelle notre pays a des atouts. Les deux ministres ont voulu faire le point sur les travaux engagés et même les accélérer promettant une nouvelle rencontre au printemps. Laurence Rossignol compte s’appuyer sur France Silver Economie (FSE)[1] héritière du « centre national de référencement » (CNR Santé), qui, entre autres, tente de réussir la transversalité entre les industriels, le monde médico-social et bientôt les investisseurs potentiels de la « nébuleuse » de la prévoyance, comme aime à la nommer son Président, Luc Broussy (mutuelles, institutions de prévoyance, assureurs).

 

UNA fut la première fédération de l’aide et du soin à signer même si tout naturellement les autres fédérations de la branche rejoignirent le mouvement. Aujourd’hui nombreuses sont les structures adhérentes à UNA à s’investir dans ce domaine. Au point même de remporter des trophées [2] ! Le premier octobre Nelly Sabatié[3] représentait UNA dans la table ronde sur la Silver économie dans le cadre de la convention nationale de l’UDES, devant plus de 500 dirigeants de l’économie sociale et solidaire.

 

Rappelons nous. Le résultat du barômètre UNA/Senior Strategic pour mieux comprendre les attentes des bénéficiaires de l’aide à domicile, réalisé pour le « séminaire des directeurs d’UNA » au mois d’avril 2014 montrait que notre fédération avait raison de s’investir. Plus de la moitié des personnes interrogées trouvait cohérent et légitime que leur structure d’intervention à domicile leur donne de l’information sur ces produits.

 

Le projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement crée une nouvelle aide permettant de solvabiliser l’accès aux aides techniques et aux actions collectives. L’enveloppe n’est pas anodine (140 millions d’euros). L’objectif affiché est d’apporter une réponse pour faciliter la vie à domicile des âgés. Le champ des aides et actions est large : aides techniques, télé-assistance, petits aménagements du logement, domotique, actions collectives de prévention, etc. Comme l’a indiqué la ministre lors du comité de filière, il s’agit moins « de créer de nouveaux besoins [que] de s’adapter aux besoins existants des personnes âgées. ». Dans chaque département une conférence des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie, sous la houlette du président du Conseil départemental devra définir une stratégie coordonnée de prévention. La création de « Silver régions » devrait apporter aussi quelques initiatives bienvenues.

 

Pour UNA, il faut considérer la révolution numérique au profit des plus âgés comme une réelle opportunité. Pour autant, il ne faut pas perdre les notions de solidarité et d’entraide Le lien social doit être consolidé auprès des personnes fragilisées. Il faut développer des produits et services qui interviennent en complément, en support et en soutien, pas en substitution de l’aide humaine. En un mot, le développement des technologies pour l’autonomie ne doit pas se faire au détriment de la relation humaine. Pour certains conseils départementaux, la tentation pourrait être, face aux catalogues alléchants des innovations technologiques sous les formes les plus diverses, d’opérer quelques transferts de l’aide humaine vers ces technologies dans une période où les financements ont plutôt tendance à se contracter. Les ministres disent qu’ils veilleront à ce que cela ne se produise pas mais il faudra faire preuve de vigilance.

 

Sous ses réserves prudentes, il ne faut pas être frileux. Une voie d’innovation consiste à affronter la réalité d’un marché qui se développe et à refuser l’idée qu’il serait réservé aux seules entreprises lucratives.