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André Flageul accueille Valérie Létard à l'AG du 19 juin 2008

 

Madame la Ministre,

 

La semaine dernière, j’ai eu un coup de fil de votre Chef de Cabinet, j’ai eu peur, je me suis dit elle ne va pas venir. Je sais que vous avez un emploi du temps très serré donc je suis très sensible à votre présence et les gens qui sont dans cette salle le sont aussi.

 

Vous avez devant vous les forces de l’UNA : les représentants de toutes les composantes de l’UNA : bien évidemment les associations mais aussi les centres communaux d’action sociale, les services territoriaux, les organismes mutualistes et vous avez toute la panoplie des activités : du prestataire en passant par le mandataire, en passant par les SSIAD et vous savez que nous sommes la première fédération à réunir autant de services de soins infirmiers, tout ce qui concerne la famille, la petite enfance.

 

Nous sommes tous ravis de vous recevoir, de vous dire tout le plaisir que nous avons à travailler avec  vous et avec votre Cabinet. Je voudrais vous remercier pour votre soutien actif sur un dossier qui nous tenait à cœur, le programme de Modernisation. Je vous ai rencontré, vous vous rappelez, je vous ai présenté ce dossier et vous avez fait tilt tout de suite et vous avez décidé de nous soutenir et avec votre Cabinet, vous avez mis les moyens.

 

Vous savez que nous avons aussi des accords sur un certain nombre de propositions que vous faites notamment sur votre Plan Métiers, etc… Mais aujourd’hui, comme le temps est compté, il faut que j’aille vite et puis, je préfère quand même vous laisser la parole mais je voudrais juste centrer mon intervention sur deux points cruciaux pour nous en ce moment, le cinquième risque et la question des salaires dans notre Branche.

 

- Sur le cinquième risque - Nous nous sommes souvent rencontrés et vous savez la passion que nous avons sur ce sujet, vous savez combien pour nous cette idée du cinquième risque correspond à notre combat depuis des années parce que nous pensons que c’est enfin l’occasion d’apporter une réponse durable, pérenne en terme de politique publique stable pour les années à venir par rapport à des enjeux de société. C’est là l’occasion d’un renouvellement, d’un approfondissement du contrat social.

 

Sur cette question, nous allons continuer à être force de propositions et je sais que vous le souhaitez. La première copie qui nous a été communiquée, de la part du Gouvernement, et bien je ne peux pas vous dire que nous avons sauté de joie parce que nous n’avons pas retrouvé le souffle que l’on attendait sur, justement, cette mise en avant d’une réponse volontaire de solidarité. Nous avons un peu d’amertume et de déception parce que n’est pas pour nous suffisamment affirmé le socle et le développement de ce socle, sur la solidarité collective.

 

Compte tenu de l’ampleur des besoins d’aujourd’hui, renvoyer sur le socle de la solidarité collective, l’augmentation des financements sur le redéploiement, ça ne nous semble pas à la hauteur de la situation. Mais surtout, ce qui nous inquiète c’est le balancement qui est fait sur la question des responsabilités individuelles – encore que, sur cette question, nous ne voulons pas échapper à la prise en considération de l’articulation entre les responsabilités collectives et les responsabilités individuelles, nous avons d’ailleurs fait un Congrès à Strasbourg sur ce sujet, précisément parce que c’est quelque chose qui nous tient à cœur – mais notre souci c’est véritablement que nous n’en restions pas, avec les systèmes mis en place, à quelque chose qui reviendrait au « débrouillez-vous » ou quelque chose qui renverrait au « laisser faire » sur l’organisation du système d’offre et vous savez que là-dessus nous avons beaucoup de questionnements.

 

Nous voudrions que l’on se ressaisisse un peu sur ce socle des solidarités collectives et sur la question relative à l’organisation de l’offre, nous souhaitons vraiment aller jusqu’au bout des processus que l’on a institués avec la mise en place de la loi de janvier 2002, avec notre intégration dans le secteur social et que l’on oppose à une régulation trop concurrentielle, des régulations plus conventionnelles et qui restent aussi de l’ordre du rôle de l’Etat.

 

Bien sûr, il y a encore du chemin à parcourir et puis c’est vrai que nous avons besoin d’un tas de précisions sur le contenu de la prestation. Nous avons été un peu échaudés avec la PCH, sur la manière dont on a traité les activités domestiques. Nous avons besoin de mieux comprendre dans vos projets, l’articulation entre le recours à l’APA et puis l’arrivée de financements privés : comment cela va-t-il se passer ? Nous avons besoin de précisions sur, non plus le recours sur succession, mais sur le gage sur succession : nous avons besoin d’avoir aujourd’hui plus de débat nourri entre nous sur ces questions-là.

 

Et puis, je ne vais pas vous faire le catalogue de nos propositions parce que vous les connaissez, elles sont dans le Manifeste mais je voudrais redire que pour nous, quelque part, il faut vraiment faire un saut qualitatif par rapport au domicile – je vous l’avais dit la dernière fois que je vous avais rencontrée en disant : il faut arriver à ce que le domicile soit aussi bien traité que les établissements. Il faut considérer que le domicile est bien ce droit fondamental que nous réclamons dans notre Manifeste et puis vous savez l’intérêt que nous avons aux questions d’évaluation multidimensionnelle, aux questions relatives à l’information correcte des usagers parce que moi je veux bien la simplification, mais l’utilisation du CESU peut entraîner une perte en qualité d’information des usagers.

 

Aujourd’hui, nous avons besoin de continuer le dialogue avec vous, de faire préciser un certain nombre de choses et puis, de tenter de faire prendre en considération ce qui nous tient à cœur.

 

Sur la politique salariale -  Mais j’ai aussi un point particulier aujourd’hui sur la question des salaires des personnels. Les responsables de services qui sont dans cette salle savent que nous sommes dans une situation de tension extrême. Au moment où les pouvoirs publics affichent par ailleurs des volontés fortes sur l’attractivité des métiers, la professionnalisation, cette impasse sur les politiques salariales est insupportable. Se retrouver en permanence dans la situation que nous avons connue avant la négociation de l’accord de branche d’il y a quelques années c'est-à-dire avoir 38 % de nos effectifs qui sont au SMIC et des échelons de la convention collective qui sont sans arrêt immergés par le SMIC, c’est inacceptable.

 

En fait, nous sommes dans une situation où nous, syndicat d’employeur, sommes incapables de négocier quelque chose avec les partenaires sociaux puisque nous n’avons aucune souplesse. Nous ne l’avions pas antérieurement puisque nous étions en quelque sorte sur le dictat de la DGAS qui imposait l’augmentation de la valeur du point, ce sera ça et puis de toute façon si vous demandez plus, ce ne sera pas agréé donc ce ne sera pas appliqué.

 

Aujourd’hui, nous recevons une enveloppe qui donne l’apparence d’une souplesse plus grande mais en fin de compte, c’est un jeu de dupes puisque dans l’enveloppe il n’y a pas les éléments financiers suffisants pour faire progresser les choses et qui plus est, est-ce que vous connaissez un secteur où, dans l’enveloppe de discussion avec les salariés, on mélange les indemnités kilométriques ? ça c’est fort ! et par ailleurs, toute l’enveloppe est pratiquement dépensée sur le rattrapage du SMIC.

 

A ce propos, nous ne sommes pas des gens irraisonnables et je crois que nous montrons en permanence que nous sommes des êtres raisonnables puisque c’est très à la mode de parler de « raison » aujourd’hui. Mais là, on est dans l’irraisonnable quand on ne nous répond pas et je sais que vous n’êtes pas la Ministre des Finances, vous appartenez à un Gouvernement mais nous, ce dont on a besoin c’est de coups de pouce, on a besoin de connaître vos convictions sur ces problèmes là et je sais que vous en avez. Merci de m’avoir écouté.

 

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