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Quelle place pour les personnes en perte d’autonomie dans notre société ?

Plaidoyer pour une réforme des politiques sociales
 
En 1950, l’espérance de vie des hommes était de 63,4 ans et celle des femmes de 69,2 ans. Aujourd’hui, celle des hommes atteint 78,4 ans et celle des femmes 84,8 ans. Cette évolution est une chance et un atout à condition que notre société permette à tous de vieillir dans des conditions dignes. La volonté quasi unanime de nos concitoyens est de vivre le plus longtemps possible à leur domicile. Cet allongement de la vie entraîne déjà et entraînera de plus en plus de nouvelles formes d’habitat, de services, de transports et de loisirs. Dans ce contexte, l’annonce d’une loi pour adapter la société au vieillissement est une bonne nouvelle.
 
La réponse au vieillissement de la population relève pour beaucoup du développement des services d’aide à la vie quotidienne, d’accompagnement et des soins à domicile.
 
Sortir du paradoxe
Comment ne pas pointerle paradoxe d’un secteur pour lequel l’Insee prévoit la création de 300 000 emplois d’ici 2020, dont 150 000 nets, alors que dans le même temps ses salariés sont peu reconnus, nombre de ses structures sont en grande difficulté économique et le secteur dans son ensemble est en stagnation voire en diminution ? Et pourtant,dans le cadre de « la stratégie nationale de santé » qui vient d’être lancée, les services d’aide et de soins peuvent, si on fait appel à eux, accompagner les évolutions nécessaires du système de santé pour réduire les périodes d’hospitalisation particulièrement coûteuses pour la société.
 
Poser les bases d’une réforme utile et juste
Pour nos fédérations, la priorité est de renforcer un financement basé sur la solidarité nationale. La couverture de la grande dépendance est très insuffisante. Le reste à charge trop important oblige un nombre croissant de personnes à ne pas prendre l’ensemble des heures de leur plan d’aide et l’allocation personnalisée d’autonomie à domicile ne permet plus de répondre aux besoins des personnes. En tant qu’employeurs, nous déplorons la faible valorisation des métiers qui nuit à l’attractivité d’un secteur qui participe pourtant au maintien de la cohésion sociale.
Pour nos fédérations, la dépendance constitue un nouveau risque de protection sociale qui doit s’accompagner d’une gestion de proximité et d’un pilotage national. La CNSA pourrait jouer ce rôle dans le cadre d’une gestion intégrant l’Etat, les conseils généraux, les partenaires sociaux, les usagers et les gestionnaires de services.
 
Enfin, la prévention doit être une préoccupation majeure. La plupart des maladies, sources de la dépendance et dites liées à l’âge, ont des facteurs de risque sur lesquels on peut intervenir. Les discours ministériels sur la prévention gagneront en crédibilité si la négociation qui s'ouvre entre l'État et la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) pour la future convention d'objectifs et de gestion (COG) se conclut  par une augmentation significative de la part consacrée à l'action sociale.
 
L’urgence de la réforme
La réforme que nous appelons de nos vœux est vitale car l’organisation et le financement de notre secteur ne sont plus adaptés : les conseils généraux en charge de cette politique via l’allocation personnalisée d’autonomie ou la prestation de compensation du handicap voient leurs autres responsabilités en matière de politique sociale augmenter (RSA par exemple) en même temps que leurs financements stagnent. Nos associations, qui se sont engagées dans des démarches de professionnalisation et de qualité, ne sont plus financées à la hauteur du coût réel de la prestation. Les personnes en perte d’autonomie se restreignent elles-mêmes compte tenu de l’augmentation des restes à charges. La crise frappe à tous les étages : bénéficiaires, services prestataires et départements.
 
En attendant cette loi que nous appelons tous de nos vœux, nous demandons dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale, que le produit de la contribution additionnelle solidarité autonomie (CASA), prélevée sur les retraites, soit affecté à la perte d’autonomie, dès 2014, comme cela était initialement prévu.
 
 
 
Francis CONTIS : Président d’UNA      
Marie-Josée DAGUIN : Présidente de l’ADMR
Jean de GAULLIER : Président d’ADESSADOMICILE  

Jean-Louis LEMIERRE : Président de la FNAAFP-CSF